La gauche et les élus locaux critiquent l'”apathie” de l’État à la Réunion


La gauche et les élus locaux critiquent l'”apathie” de l’État à la Réunion

31 October 2011

published by www.lemonde.fr


La Réunion / France — Au fur et à mesure que l’incendie du Parc national de la Réunion progresse, la polémique enfle sur les moyens engagés par l’Etat pour lutter contre le feu, malgré l’arrivée annoncée de 170 pompiers supplémentaires, mardi 1er novembre.

La directrice du Parc national de la Réunion, Marylène Hoarau, a appelé au déploiement d’autres moyens aériens pour lutter contre l’incendie qui sévit depuis près d’une semaine au cœur du parc. “Aujourd’hui les moyens humains sont très importants. Mais nous sommes sur des zones très difficiles à plus de 2 000 mètres d’altitude avec des points d’eau très éloignés. Une assistance aérienne nous semble indispensable en complément des moyens humains”, a-t-elle déclaré sur France Inter.

Des élus locaux réclament aussi l’intervention d’un avion bombardier d’eau Dash-8 qui peut transporter 12 000 litres d’eau par voyage contre 800 litres pour un hélicoptère. Onze d’entre eux en appellent, dans une lettre publiée lundi, à Nicolas Sarkozy. “Face à l’ampleur de ce sinistre, nous nous interrogeons plus que jamais sur le niveau du dispositif aérien déployé”, écrivent les maires et parlementaires signataires, issus du PS, du PCR, du MoDem et de l’UMP. “L’incompréhension est de plus en plus forte au sein de la population réunionnaise”, ajoutent les élus, qui affirment ne pas pouvoir se “résigner à voir ainsi brûler un site qui fait la fierté de tous les Réunionnais”.

Le préfet de la Réunion, Michel Lalande, juge pour sa part que cet appareil est inadapté pour des largages de précision en zone montagneuse, privilégiant des moyens humains au sol.

À PARIS, LES VERTS PARLENT DE CATASTROPHE NATIONALE

L’incendie de la Réunion “est une véritable catastrophe nationale”. Cécile Duflot, la secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), et la candidate à la présidentielle du parti, Eva Joly, ont pointé, dimanche 30 octobre, “la réaction dramatiquement insuffisante de l’Etat et des autorités locales” face aux événements qui frappent l’île.

Un an après le précédent incendie qui avait touché l’île, elles accusent les autorités locales d’avoir fait “preuve d’une apathie coupable, tant dans l’anticipation que dans l’élaboration de plans d’intervention”. “Face à cette catastrophe écologique, aux conséquences humaines très lourdes”, Mmes Duflot et Joly demandent “l’intervention immédiate de l’Etat mais également l’ouverture d’une enquête publique afin d’identifier les responsabilités impliquées dans ce désastre”. L’arrivée de 200 pompiers en provenance de la métropole est une bonne chose, mais pourquoi avoir attendu six jours après le début du sinistre, interrogent-elles.

Dans un communiqué signé de son secrétaire national à l’outre-mer, Axel Urgin, le PS “dénonce avec vigueur l’obstination du gouvernement à refuser de mobiliser les moyens à la hauteur de la gravité de la situation”. Pour lui, “il est incompréhensible que le gouvernement ne mette pas à disposition” le Dash-8 pourtant “prévu par le plan départemental récemment adopté”.

Même son de cloche du côté du Parti communiste qui, dans un communiqué, “s’associe aux demandes des élus locaux et demande des autorités nationales le déploiement rapide de moyens matériels adapté à la gravité de la situation, à savoir des bombardiers d’eau”.

Actuellement en Israël, la ministre de l’écologie Nathalie Kosciusko-Morizet a évoqué “un véritable désastre écologique, au cœur du parc où se trouvent une forêt primaire d’une grande richesse environnementale, ainsi que des espèces endémiques [des espèces propres à la Réunion, NDLR]”

UNE TRENTAINE D’HABITATIONS ÉVACUÉES

Plus de 800 pompiers (dont 400 métropolitains), soutenus par des militaires et des agents de l’Office national des forêts, des communes et du conseil régional, combattent toujours les trois principaux foyers de l’incendie, situés sur une ligne d’une vingtaine de kilomètres à près de 2 000 mètres d’altitude.

Selon un dernier bilan, 2 677 hectares ont été parcourus par le feu depuis le début de l’incendie, mardi, dans le parc national, à Saint-Leu, classé au patrimoine mondial par l’Unesco le 1er août 2010. Une trentaine d’habitations, menacées par les flammes, ont été évacuées de manière préventive.


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