La FAO étudie les liens complexes entre forêts et changement climatique

La FAO étudie les liens complexes entre forêts et changement climatique

5 April 2006

published by www.actu-environnement.com


Comme les forêts se situent au cœur de la problématique du climat, y jouant alternativement le rôle de puit ou d’émetteur de carbone, la FAO publie un dossier visant à préciser la complexité des liens qui les rattachent au changement climatique.

Alors que les forêts subissent déjà les conséquences de la modification du climat de la planète, les forêts et le bois qu’elles produisent piègent et stockent le dioxyde de carbone, jouant ainsi un rôle essentiel dans l’atténuation du changement climatique. Mais lorsqu’elles sont détruites ou surexploitées et incendiées, les forêts peuvent devenir des sources de gaz à effet de serre et contribuer ainsi au réchauffement de la planète et au changement climatique.

D’après les études de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), les forêts et les sols forestiers mondiaux stockent plus de mille milliards de tonnes de carbone, soit deux fois plus que le volume présent dans l’atmosphère. Aussi, la destruction des forêts injecte près de six milliards de tonnes de dioxyde de carbone dans l’atmosphère chaque année. Empêcher ces stocks de carbone d’être relâchés est important pour le bilan du carbone et vital pour la conservation del’environnement, explique l’Organisation des Nations Unies.

Selon la FAO, les forêts pourraient être mieux utilisées dans la lutte contre le changement climatique non seulement en empêchant l’abattage mais aussi par des programmes de boisement (nouvelles plantations) et de reboisement (replantation des zones déboisées). Nous devons assurément arrêter la déforestation et accroître la superficie des terres émergées boisées, affirme Wulf Killmann, qui préside le groupe de travail interdépartemental de la FAO sur le changement climatique.

Rappelant que les forêts peuvent stocker jusqu’à 15 tonnes de carbone par hectare et par an dans leur biomasse et leur bois, la FAO propose pour répondre à l’urgence de reboiser en premier lieu sous les tropiques où la végétation pousse vite et absorbe donc le carbone plus rapidement. L’organisation propose également de remplacer les combustibles fossiles très polluants par des biocarburants comme les combustibles ligneux de forêts gérées rationnellementafin de réduire les apports de carbone d’origine fossile. Le bois et la biomasse qui brûlent relâchent effectivement du dioxyde de carbone dans l’atmosphère, mais si ces combustibles viennent d’une forêt gérée dans une optique durable, les émissions de carbone peuvent être compensées par de nouvelles plantations d’arbres, indique l’organisation. D’ailleurs, si elles sont bien gérées, les forêts peuvent fournir une énergie biologique quasiment sans apport de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, ajoute t’il. L’organisation des Nations Unies estime enfin que le bois récolté constitue également un puits de carbone puisque, utilisé dans l’industrie du bâtiment ou en ameublement, il stocke le carbone efficacement des pendants plusieurs siècles. À l’opposé, la fabrication des matériaux de construction comme le plastique, l’aluminium ou le ciment requiert des quantités importantes d’énergie tirée le plus souvent de combustibles fossiles. Leur remplacement par du bois constituerait pour la FAO, un avantage certain en termes de réduction des émissions de carbone. Nous devrions aussi utiliser plus de bois dans des produits durables pour éliminer le carbone de l’atmosphère pendant des périodes plus longues, estime Wulf Killmann.

Par ailleurs, pour la FAO, la hausse des températures modifiera la répartition des forêts. Selon une de ces études, les essences forestières tendent à se déplacer vers les plus hautes latitudes et altitudes. Les habitats des arbres dans l’hémisphère nord peuvent s’étendre à 100 km au nord, tandis que leurs frontières méridionales pourraient reculer du même ordre de grandeur pour chaque degré dépassant les températures régionales actuelles. Outre le déplacement vers le nord, les essences forestières pourraient grimper plus haut pour échapper au réchauffement de la planète. Cette tendance rendrait de nombreuses essences plus vulnérables aux pressions génétiques et environnementales, fait remarquer la FAO qui met en garde sur le fait que le changement climatique pourrait l’emporter sur la capacité d’adaptation de certaines espèces et conduire ainsi à leur extinction.

Une autre conséquence du changement climatique touchant les forêts est l’accroissement des phénomènes climatiques extrêmes, qui peuvent causer des pertes d’arbres importantes. En dehors de ces impacts directs (arbres endommagés par des ouragans), les inondations et les tempêtes peuvent également modifier les écoulements d’eau dont dépendent les arbres, nuisant à la santé des forêts, souligne l’organisation. De plus les changements de températures peuvent également favoriser les infestations d’insectes et les Feux de forêt. Les responsables forestiers devraient évaluer la vulnérabilité de leurs forêts et la sensibilité des essences aux conditions météorologiques extrêmes, selon Dieter Schoene, un expert de forêts et de changement climatique de la FAO.

Dans les pays en développement, les évaluations de la vulnérabilité forestière peuvent être effectuées dans le cadre des Plans d’action nationaux d’adaptation lancés par la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique. Les forêts ont d’ailleurs été à l’ordre du jour de la 15ème session de la Commission des forêts et de la faune sauvage pour l’Afrique (CFFSA)* qui s’est déroulé à Maputo, au Mozambique, du 29 mars au 1er avril dernier. À cette occasion l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture a tenu à souligner, qu’ en Afrique, le taux de pertes nettes de forêts est le deuxième du monde après l’Amérique du Sud. Dans l’ensemble, l’Afrique a subi une perte nette annuelle de plus de 4 millions d’hectares de forêts entre 2000 et 2005, essentiellement due à la conversion de superficies boisées en terres agricoles. Ainsi le couvert forestier est tombé de 655,6 à 635,4 millions d’hectares durant cette période. Le continent détient par ailleurs le record de fréquence des feux de forêt, pratique traditionnelle consistant à utiliser le feu pour convertir les terres boisées à l’agriculture ou aux pâturages. La fréquence des feux est particulièrement élevée au nord de l’Angola, au sud de la République démocratique du Congo, dans le Soudan méridional et en République centrafricaine, estime l’organisation. En dépit de ces problèmes, la FAO admet que l’Afrique a accompli toutefois de gros progrès dans l’amélioration des politiques et programmes forestiers même si leur mise en œuvre et leur application reste faible : au cours des quinze dernières années, plus de la moitié des pays africains ont instauré de nouvelles politiques et lois forestières, et les deux tiers ont mis en place un programme national de gestion forestière actif. 


Back

Print Friendly, PDF & Email
WP-Backgrounds Lite by InoPlugs Web Design and Juwelier Schönmann 1010 Wien