La forêt Algérienne face aux caprices du temps
La forêt Algérienne face aux caprices du temps
21 March 2006
published by www.elwatan.com
Soixante-dix mille hectares est la superficie réservée au reboisement pour la campagne 2005-2006. Le coup denvoi a été lancé, officiellement, par Saïd Barkat, ministre de lAgriculture et du développement rural, lors de la Journée de larbre, le 25 octobre 2005.
Un grand chantier que lopinion publique, encore choquée par les milliers dincendies ayant ravagé, cette année, près de 50 000 ha du patrimoine forestier, suivra de très près. Lauteur « principal » du crime reste la canicule qua connue le pays au milieu et vers la fin de lété dernier, mais il y a aussi lhomme. Nos massifs forestiers, dest en ouest, nont pas été épargnés par un feu dévastateur, consumant sur son passage des milliers doliviers et qui sest permis aussi daller déranger notre (maigre) patrimoine sylvicole. En effet, pour la seule période du 1er juin au 16 juillet 2005, les dommages recensés par la Protection civile font état de la destruction de 1199 palmiers dattiers. Dans cet embrasement, tout y passe : arbres fruitiers, bottes de foin, céréales, etc.
Relancer le barrage vert
Concernant le domaine forestier, ce sont le pin dAlep et le chêne-liège, espèces les plus répandues, qui en ont fait les frais. Ainsi touchée, la forêt algérienne court-elle vers son extinction ? Lhomme responsable, devant lEternel, de la perte de cette « réserve hydrique et régulateur climatique » peut aussi savérer son sauveur. « Il faut revenir aux actions volontaristes des années 1970. La nation entière était impliquée dans le reboisement. Les talus étaient pris dassaut, chaque week-end, par des armées de citoyens volontaires, sous la direction de lEtat. Les résultats ne se sont pas faits attendre », plaide un militant écologiste. Des voix sélèvent par ailleurs pour une réelle « ressuscitation » du barrage vert, véritable ceinture verte de 1200 km de long sur 25 km de large, entamé en 1969 afin de protéger le pays de lavancée du désert.Plus grand chantier que lAlgérie ait jamais initié auparavant, le barrage vert a été salué avec éclat par lONU en raison de son impact environnemental tant sur la région (Afrique du nord) que sur la planète entière. Repris par ladministration des Forêts après le retrait de larmée, la « ceinture » nest plus que fragments darbustes, « voués à une disparition certaine sil navait pas été pris à temps », soutient-on à la DGF. Selon le docteur Harfouche de lINRA, lAlgérie est en mesure de récupérer le barrage vert pour peu que certains correctifs techniques soient pris en considération. « Cest un chantier que je connais très bien car jy ai effectué mon service militaire. Le seul problème, cest quon nous demandait de planter uniquement une seule espèce, le pin dAlep, alors quil fallait y introduire dautres essences. Cela dit, le défi de relancer le barrage est à la portée de lAlgérie », affirme ce spécialiste. Lappel du spécialiste sera entendu au plus haut niveau. Quelques jours après lentretien, le ministre de lAgriculture et du développement rural, Saïd Barkat, annonce solennellement à lAPN (ndlr : le 5 janvier 2005) la volonté de lEtat de relancer le barrage vert, bien que les « forestiers » sont déjà sur place depuis 1994. La prise en charge de la ceinture verte se fera en parallèle avec la réhabilitation de nombreux autres sites menacés par lérosion, dont la superficie est de 12 millions dhectares. « Nous allons renforcer le barrage vert sur une superficie de 3 millions dhectares. Lextension et la préservation du barrage vert figurent parmi les objectifs de la stratégie de lEtat dans le cadre du programme quinquennal pour le soutien au développement économique », a affirmé le ministre. Le département de Saïd Barkat se dit également engagé dans la préservation de lalfa, couverture végétale indispensable à la survie des zones steppiques, qui occupent une superficie de 2,6 millions dhectares. Le domaine forestier national est de lordre de 4,1 millions dhectares. LEtat a engagé, en 2003, un plan de reboisement sétalant sur 10 ans (2003-2013) consistant en la plantation de 3 millions dhectares supplémentaires. Il est donc question daugmenter la couverture forestière de lordre de 75%. Une chimère pour les uns, compte tenu, dit-on, du manque defficacité des mesures de protection actuelles. Pour les plus optimistes, le défi ne serait utopique que si lon arrive à saisir lintérêt que représente la forêt sur le développement durable.