Incendies au Mont-Dore : « Il faudrait 800 hommes sur le terrain »

Incendies au Mont-Dore: « Il faudrait 800 hommes sur le terrain »

28 December 2005

published by www.info.lnc.nc


Nouvelle-Calédonie — Le feu allumé au Mont-Dore n’en finit plus de progresser. Le parc de la rivière Blanche et les monts Koghi pourraient être bientôt menacés. Sur le terrain, les pompiers réclament encore et toujours des moyens que l’État refuse de leur accorder.


Le feu progresse sur les crêtes. Il pourrait menacer dans les prochains jours le parc de la rivière Blanche et les monts Koghi.

«Pour éteindre un feu comme celui-là, il faudrait 800 hommes sur le terrain. » En deux mots, cet officier situe l’ampleur de l’incendie qui continue de progresser sur les communes de Dumbéa et du Mont-Dore. Hier après-midi, sur le terrain, ils étaient une vingtaine tout au plus.

Les pompiers démunis

Les sapeurs-pompiers étaient cette fois appuyés par deux hélicoptères bombardiers d’eau, la Province sud ayant choisi de faire appel à l’hélicoptère de la Province nord. Les rotations des deux appareils ont permis aux pompiers du Grand Nouméa de traiter le flanc droit de l’incendie, c’est-à-dire la partie du feu qui menaçait le parc de la rivière Blanche.

Mais on est très loin d’une quelconque maîtrise de la catastrophe. Un front de quatre à cinq kilomètres, des alizés soutenus, une météo désespérément sèche et des moyens notoirement insuffisants : les pompiers sont démunis. Ils l’ont d’ailleurs fait savoir au directeur de cabinet du haut-commissaire, qui les a déjà reçus à trois reprises.

Des moyens dérisoires

Certes, le haussariat a débloqué de nouveaux moyens hier matin : quelques seaux-pompes (sortes de pulvérisateurs individuels portés à dos d’homme), une trentaine de militaires des Fanc (forces armées de Nouvelle-Calédonie) assignés à la surveillance, des tronçonneuses et des bâches à eau.
Une réponse forcément dérisoire lorsque les pompiers, en professionnels avertis, en sont à demander le déclenchement du plan Orsec. « Ce qu’il nous faut, ce sont des hommes et des moyens pour les acheminer sur place, là où le feu peut être traité », expliquent les sapeurs.

Inertie de l’État

En l’occurrence, l’hélicoptère Puma de l’armée de l’air pourrait être la solution. Mais le haussariat campait hier soir sur ses positions et refusait, en l’absence de convention, d’engager l’appareil dans la bataille.
Face à une telle inertie, la mobilisation populaire souligne encore un peu plus le fossé entre l’État et les Calédoniens sur ce dossier. Des bénévoles issus d’associations de protection de la nature telles que le WWF ont d’ores et déjà offert leur concours. Un industriel spécialisé dans la construction de cuves plastique a proposé d’offrir des modèles d’une capacité de 1 000 litres pour permettre aux secours de lutter. Les difficultés ne s’arrêtent pas là : du côté de La Coulée, où le réseau de pistes permet encore de s’approcher du feu, il manque toujours un bulldozer pour dégager les éboulis qui bloquent régulièrement l’accès.

« On regarde le feu avancer »

Le haussariat a toutefois commencé à apporter quelques réponses : des bâches appartenant à l’armée vont être acheminées sur place pour servir de réservoir aux pompiers. Douze militaires vont être affectés à la surveillance de l’incendie et l’État accepte que des bénévoles soient engagés sur le feu. Dès six heures demain matin, les deux hélicoptères seront à pied d’œuvre. Mais, aux dires des professionnels, les moyens restent largement insuffisants.
Même en cas de réponse massive des pouvoirs publics, il est aujourd’hui impossible de garantir la réussite de l’opération. « Avec les moyens qu’on demande, on serait au moins en mesure d’essayer d’éteindre l’incendie, précise un gradé. Aujourd’hui, on en est réduit à le voir progresser. »
Prochaines cibles potentielles des flammes, le parc de la rivière Blanche et les monts Koghi. Deux joyaux de la Calédonie.


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