Incendiaires : de la vengeance à la perversion

Incendiaires : de la vengeance à la perversion

1August 2005

publishedby www.lefigaro.fr


Délinquant ordinaire, débile léger ou pervers : le profil de celui qui allume un feu de forêt est divers. Les spécialistes le rangent cependant dans deux principales catégories, l’incendiaire et le pyromane. 

Le premier allume le feu avec un mobile – régler un contentieux personnel par exemple –, tandis que l’authentique pyromane est mu par un comportement impulsif. Le docteur Pierre Lamothe, directeur du service médico-psychiatrique régional des prisons de Lyon, compare le mode de fonctionnement de ce dernier à celui du pervers sexuel. Le plaisir qu’il éprouve en voyant les flammes serait proche de la jouissance sexuelle. 

C’est dans plus de neuf cas sur dix un homme adulte habité par un «ardent désir de puissance phallique et qui pense posséder la lance qui lui permettra d’éteindre le feu qu’il aura allumé», explique le docteur Lamothe. Quant aux pompiers pyromanes, qui suscitent tant d’indignation, ce sont le plus souvent des sapeurs volontaires relativementjeunes.

Le docteur Nuss, psychiatre à l’hôpital Saint-Antoine à Paris, pointe de son côté une montée en puissance d’incendiaires qui, dans une ambiance contestataire, mettent le feu pour mettre les institutions en péril et montrer que la société est impuissante. Ce sont habituellement des personnes peu intégrées et au quotient intellectuelfaible. 

Voire des débiles, qui embrasent la forêt par plaisir de voir des flammes. Il en va tout autrement des pyromanes. Leur perversion s’ancre dans la petite enfance, et plus particulièrement dans l’impossibilité d’exprimer le moindre désaccord avec leursparents.

Les incendiaires ont la plupart du temps conscience de braver un interdit mais disent très souvent avoir été dépassés par les événements. Une mise en danger de sa propre vie : «le sort décidera», semble-t-il penser. Fasciné par les flammes et par son oeuvre, comme sidéré, il est un délinquant facile à repérer et à arrêter. Le pyromane, lui, avoue rarement son crime. 

Le plus souvent récidiviste invétéré, il est quasiment impossible à prendre sur le fait ou à confondre. Aussi, guérir les véritables pyromanes n’est-il pas une mince affaire : encore faut-il qu’ils acceptent ce qu’ils nient, ce qui est rarement le cas. L’inflation médiatique fait le jeu des pyromanes, qui trouvent du plaisir à voir que leurs actes font parler d’eux.


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