L’écosystème à l’épreuve du feu

L’écosystème à l’épreuve du feu

23July 2005

publishedby www.lefigaro.fr


France — Si les incendies représentent le principal danger dans le sud de la France, il est nécessaire de rappeler que le feu, dans certains cas, est un élément positif. «La forêt méditerranéenne est une forêt bien adaptée au feu, explique Philippe Orsini, conservateur du muséum d’Histoire naturelle de Toulon et du Var. Force est de constater que le monde végétal et animal, sauf dans quelques cas, est préparé à cette catastrophe depuis le néolithique. Cela dépend bien sûr de la nature des incendies : un petit feu n’aura pas les mêmes conséquences qu’un plus gros.»

En effet, le promeneur averti peut constater de lui-même à quel point les arbres et quelques essences rares résistent finalement assez bien aux flammes. Les fleurs à bulbe comme les tulipes, les orchidées, les iris sauvages sont même stimulées par les petits incendies car ceux-ci détruisent les broussailles. Le sol recèle des graines qui ne poussent pas la première année mais la deuxième dans un sol cendré, ensoleillé et qui mieux encore reçoit lapluie.

Les arbres comme les pins ont des graines à ailettes qui peuvent se disperser grâce aux vents à des centaines de mètres et donc perpétuent les essences. Les chênes-lièges, sont protégés par leur importante écorce, et ne brûlent que les rameaux de moins de dix centimètres de diamètre.

«Les incendies répétés ou importants ont pour premier défaut de ne pas laisser vieillir la forêt, poursuit Philippe Orsini, et donc nous empêchent de découvrir des insectes qui vivent dans les vieilles forêts. Ainsi il est possible que des espèces aient disparu avant que nous ne les découvrions.»

Pour ce qui concerne les mammifères, peu sont touchés. Car les chevreuils et sangliers, lapins et lièvres peuvent réagir très vite. Il en va de même pour les reptiles, les insectes et lesoiseaux.

En fait tout dépend de la période des incendies. Mieux vaut des petits feux en début d’été que des grands à la fin, car la végétation n’est pas séchée par la chaleur et tout reverdit très vite. «Il en va de même pour tous les animaux, dit Philippe Orsini. Les couleuvres meurent de faim après un incendie qui a détruit des milliers d’hectares. Les oisillons brûlent si le feu gagne les nids en période de nidification et les insectes disparaissent dans les flammes. En revanche des petits incendies stimulent la vie animale. Les lézards retrouvent des espaces découverts qui leur permettent de se thermo-réguler, les couleuvres une herbe verte, les oiseaux rares comme les fauvettes, les pipit rousselines et les perdrix rouges reviennent, car la forêt a perdu du terrain. Ces espèces peuvent alors manger à leur faim des insectes plus nombreux. Enfin, rappelons que la forêt varoise n’a jamais été aussi étendue : en 1850, elle comptait 120 000 hectares. Fin XIXe, 205 000, et aujourd’hui 340 000. La nature méditerranéenne est habituée au feu. Encore faut-il que l’homme ne rompe pas un fragile équilibre.»


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