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Arte, Archimedes, Emission du 24 avril 2001
Détectiondes feux de forêt
L’étédernier, d’immenses incendies ont dévasté des régions entières aux États-Unis,en Afrique et en Europe.Dans le monde entier, on a parlé de catastrophes sansprécédent. Pompiers et militaires ont lutté en vain contre un océan deflammes. Mais quelles ont été les conséquences pour le système écologique?Peut-on prévenir de telles catastrophes? Les scientifiques tentent de répondreà ces questions.
Dr. Johannes Goldammer : “L’écologie des incendies est unediscipline qui tente de comprendre les interactions entre l’incendie etl’environnement naturel. Ce sont d’une part les conséquences du feu sur un écosystème,la composition des espèces, la dynamique, l’évolution et la disparition d’unécosystème, qui est souvent déterminée par le feu ; mais d’autres phénomènesnaturels comme une tempête, un ouragan, peuvent également transformerradicalement un écosystème.”
Afin de coordonner la prévention des incendies au niveau planétaire, un Centremondial de surveillance des incendies basé à Fribourg a été créé en 1998sous la direction de Johannes Goldammer. Les scientifiques de ce centre uniqueont pour mission d’observer tous les grands incendies de la planète et depublier les données qu’ils auront récoltées. Ils participent ainsi à la préventiondes feux de forêt et étudient l’influence des incendies sur les forêts et surle reste de la végétation.
Dr. Johannes Goldammer : “Nous dressons un état des lieux dusuivi des incendies de forêt dans le monde entier à partir d’un très grandnombre de sources. Il s’agit des données satellitaires qu’on nous envoie ou quenous allons chercher sur les serveurs de différentes institutions, mais aussides rapports de correspondants, nous les demandons quand nous apprenons qu’unincendie a eu lieu, ou nous les envoie spontanément.“
À partir de ces données, on dresse chaque jour une carte des incendies, quienregistre tous les foyers et toutes les catastrophes au niveau mondial. Maistous les pays ne peuvent pas se joindre à ce système d’information etexploiter “l’indice de risque d’incendie de forêt” pour informer leurpopulation et engager des mesures. Dès que des difficultés apparaissent faceà un incendie, Johannes Goldammer et son équipe, en contact permanent avec lespompiers, prodiguent assistance et conseils. Mais le problème des scientifiquesde Fribourg est ailleurs : les données fournies par les satellites météorologiquessont souvent trop imprécises.
Dr. Johannes Goldammer : “Jusqu’à présent, nous utilisions poursurveiller et détecter les feux de forêt les satellites météo classiques,qui possèdent également des canaux infrarouges, qui peuvent donc enregistrerdes événements de nature thermique. Mais ces satellites n’ont pas été conçuspour détecter les incendies. Leur résolution est relativement grossière. Cedont nous avons absolument besoin, et les scientifiques le réclament depuisplus de dix ans, c’est d’un satellite, d’un capteur spécial, conçu spécialementpour les incendies.”
Le Centre allemand de l’aéronautique et de l’espace de Berlin a entendu cetappel et travaille actuellement sur le premier satellite mondial de détectionprécoce des incendies. Son nom, “Bird”, est l’acronyme anglais de”Détection infrarouge bi-spectrale”. Au cur de ce satellitefigurera une nouvelle génération de capteurs à infrarouges, qui permettra delocaliser les grands incendies et les éruptions volcaniques, qu’on appelle des”points chauds”, avec une précision de quelques mètres. Autreinnovation : les données seront évaluées et triées à bord par une électroniqueintelligente.
Dr. Klaus Brieß : “Généralement, on envoie les données brutesau sol, où elles sont traitées par toute une chaîne de processeurs etd’intermédiaires. Aussi l’utilisateur final reçoit les données satellitairesavec un retard de plusieurs jours ou plusieurs semaines. Nous voulons montreraujourd’hui que certaines tâches peuvent être effectuées en orbite, à borddu satellite.”
BIRD est maintenant testé dans la chambre à vide du simulateur spatial ; le1er mai, il sera placé en orbite géostationnaire par une fusée porteuse. Iltournera alors autour de la Terre à 450 km d’altitude et enverra à JohannesGoldammer et à son équipe les données dont ils ont absolument besoin pour réagirencore plus vite contre le feu. Et peut-être se rendre eux-mêmes sur le lieudu sinistre, car de nombreux pays ne savent absolument pas maîtriser les grandsincendies.
Dr. Johannes Goldammer : “Le feu intéresse les gens depuis 1997,98, depuis que la grande sécheresse d’El Niño a provoqué des incendies de forêtdans le monde entier, notamment dans les régions tropicales. On a alors commencéà s’intéresser sérieusement au problème, et la politique internationales’est penchée sur la question.”
Compte tenu de l’urgence, Johannes Goldammer bénéficie désormais d’un soutiendans ses recherches les plus appliquées : avec son équipe, ils effectuent desexpériences sur les incendies. Dans le cadre d’une expérience commune entreEst et Ouest, plusieurs hectares de forêt sibérienne ont été mis en flammes,afin d’observer en continu les caractéristiques géographiques et écologiquesde l’incendie. Mais aussi ses conséquences bénéfiques :
Dr. Johannes Goldammer : “Un incendie de forêt peut s’avérertout à fait bénéfique. Un feu qui brûle dans des conditions modérées, avecdes intempéries modérées, contribue à nettoyer la forêt, à la débarrasserd’un excédent de matière combustible. Le feu n’est réellement destructifqu’en période de sécheresse, pendant un été long et sec, car toute l’énergiede cette matière combustible se développe alors.”
Empêcher que cela se produise, tel est l’objectif du Centre mondial desurveillance des incendies.
Quelle : http://www.arte-tv.com/hebdo/archimed/20010424/ftext/sujet1.html
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