Incendies de forêt: L’irresponsabilité

Incendies de forêt: L’irresponsabilité

11 August 2005

publishedby L’Economiste


Plus de 2.800 hectares ravagés
La quasi-totalité des incendies du fait de l’homme
Des inconscients et des criminels

TOUS les étés, ça recommence! Les incendies de forêt ont cette année encore atteint un niveau critique qui menace de dépasser la moyenne nationale. Déjà 2.800 hectares ont été ravagés, dont 1.690 rien que dans le nord. La moyenne nationale est de 3.000 hectares. C’est cette moyenne qui a toujours été enregistrée durant les 20 dernières années avec, parfois, des «pics» (dus notamment à la sécheresse et aux vents) de 7.000 à 8.000 hectares avalés par les flammes.

Tanger, Larache, Chafchaouen…la situation est jugée «calamiteuse» par le Haut-Commissariat aux Eaux et Forêts. Il est vrai que ces incendies ne sont pas de la même ampleur que ceux de l’année dernière où un énorme feu a ravagé 4.000 hectares de la forêt de Chefchaouen et Sidi Kacem, soit la moitié du total des superficies touchées de tout le Royaume. Mais l’augmentation soutenue des incendies de forêt se confirme.

Dans la liste noire de cette année, s’est rajoutée Kénitra qui a connu 25 incendies ayant détruit 426 hectares d’Eucalyptus. Le Maroc n’est pas aussi touché que l’Espagne, la France ou les USA, et «il n’y aurait pas de victimes humaines», selon le Haut-Commissariat des Eaux et Forêts, mais les incendies sont de plus en plus fréquents surtout dans le nord. Dans cette région, brûler la forêt est souvent un geste criminel dans le but d’étendre les cultures de cannabis.

Jusqu’au 8 août 2005, la région de Larache a enregistré 48 incendies qui ont ravagé 761 hectares. De belles forêts naturelles (des arbres et non pas l’alpha ou les essences secondaires) sont parties en fumée, visiblement par la main de l’homme. Volontaires ou non, les causes des incendies sont dans leur quasi-totalité d’origine humaine. Il est cependant difficile de mettre la main sur les criminels souvent en raison de la nature escarpée du terrain. Certaines forêts incendiées de Tanger sont inaccessibles même aux chèvres.

Alertés par les patrouilles de guetteurs ou les fumées dans le ciel, les agents n’arrivent sur les lieux qu’une demie-heure, voire deux heures après l’alerte. Entre temps, le criminel a disparu dans la nature.

«Les tribus avoisinantes sont peu coopératives», déplore un responsable forestier. Elles sont généralement au courant du moindre petit geste sur leur territoire, mais ne vont pas jusqu’à informer la gendarmerie ou les gardes-forestiers. La situation a maintenant tendance à changer. Menacées par l’extension des flammes et la perte de leurs demeures, les tribus s’érigent en justicières elles-même et enclenchent une chasse à l’homme.

Les personnes qui sont derrière les incendies présentent plusieurs profils: Des je-m’en-foutistes, des agriculteurs voulant gagner du terrain pour étendre leurs cultures ou des pyromanes à la recherche de moments de plaisir. «Le spectacle d’un feu de forêt qui prend est éblouissant», reconnaît-on.

Un mégot ou un feu de camp mal éteint, une forte chaleur et des rafales de vent sont les ingrédients des incendies. Si le terrain contient des couches de résine, combustible naturel, alors le feu prendra vite et bien. La gravité des départs de feu varie selon les régions. Elle est directement liée au type de végétation. Et les régions du nord sont connues pour être des zones à haut risque.

Le domaine forestier est composé de 9 millions d’hectares, soit 12% du territoire national. Sur ce total, 5 millions d’hectares sont des forêts arborées. Combien ont été touchées par les incendies? Les responsables du Haut-Commissariat sont incapables de donner des indications car, disent-ils, la forêt se régénère, soit par reboisement ou naturellement. Oui, mais dans quels délais?

Un gros gâchis

LES feux de forêt détruisent chaque année jusqu’à 700.000 hectares en région méditerranéenne. Souvent, plus de 100.000 incendies éclatent durant la saison chaude.

«Dans certains pays, on enregistre plus de 20.000 feux de forêt par an», a souligné la FAO dans un communiqué publié le 25 juillet 2005. L’Organisation signale que les pays méditerranéens pourraient sauver, chaque année, des vies humaines et des milliards d’euros si leurs communautés locales étaient mieux formées et mobilisées en matière de prévention et de lutte contre les incendies de forêt, indique la FAO.

N. L.


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